Goût de la nourriture goût de l’aventure
Dans mon métier on m’a souvent demandé des trucs et des conseils pour faire manger un enfant et mes réponses ont toujours été les mêmes: ne décidez pas pour l’enfant de ce qu’il va aimer ou pas et surtout ne pensez pas qu’un enfant doit manger de façon différente d’un adulte (à quelques exceptions près). Je ne me suis jamais mis de limite par rapport à ce que je pourrais servir à mes petits clients favoris. Ce qui suis va peut-être vous aider et vous évitez bien des repas familiaux agités!
Jusqu’à 2 ans : comme les parents ou presque
Jusqu’à l’âge de deux ans environ, les petits enfants mangent ce que leurs parents mangent, à condition qu’ils y soient autorisés.
Ils sont totalement omnivores et le principe biologique sous-jacent est que les enfants croient inconsciemment que la nourriture que leurs parents mangent est également sans danger pour eux.
Généralement les préférences alimentaires des nouveau-nés sont dans une très large mesure régies par les aliments que leur mère a consommés pendant la grossesse.
2-3 ans en route vers l’indépendance
Dès l’âge d’environ deux à trois ans, les enfants commencent lentement à développer une certaine indépendance, ce qui a encore une conséquence biologique en ce sens qu’ils sont moins enclins à essayer des aliments qu’ils ne connaissent pas déjà.
Il s’agit d’une sorte de néophobie, ceci dit en passant c’est une manière pertinente d’aborder le dilemme de l’omnivore : être prêt à tout manger, mais ne pas courir le risque de manger quelque chose de toxique. L’ampleur de cette néophobie alimentaire n’est qu’en partie une question de génétique.
La néophobie alimentaire n’est pas simplement une question d’aimer ou de ne pas aimer des aliments que l’on n’a jamais goûtés. C’est plutôt la peur qu’on n’aime pas quelque chose de nouveau si on le goûte parce qu’il pourrait s’avérer mauvais.
Et cela signifie qu’il est tout à fait possible que quelqu’un n’ait même pas essayé de savoir si quelque chose de nouveau pouvait réellement avoir bon ou mauvais goût. Il n’est pas rare d’entendre des enfants dire qu’ils n’aiment pas certains aliments, même s’ils ne les ont jamais goûtés.
La néophobie alimentaire est souvent associée au fait d’être un mangeur difficile.
Sachez que le rejet alimentaire n’est pas une condition absolue: cela dépend du contexte social. À leur grande frustration, les parents le vivent lorsqu’ils voient leurs enfants qui sont difficiles à la maison manger volontiers toutes sortes de nourriture chez d’autres personnes.
Certains projets en garderies ou scolaires qui impliquent les enfants dans la culture de leurs propres légumes et dans leur préparation pour eux-mêmes et leurs camarades de groupe illustrent souvent ce point assez clairement.
Les éducatrices et les enseignants disent que les enfants ne rejettent jamais la nourriture lorsqu’ils s’en sont approprié le goût.
Être difficile n’est pas en soi un trait indésirable; il s’agit plutôt d’une condition très naturelle qui peut être influencée et modifiée mais, rarement par l’utilisation de promesses, de menaces ou de suppressions de dessert.
Prise de pouvoir tout simplement
Les enfants refusent souvent de manger ou d’essayer certains aliments afin d’affirmer leur pouvoir par rapport aux adultes. Cette méthode est extrêmement efficace et la plupart des familles avec enfants l’ont probablement expérimenté, et cela plus d’une fois et, même les plats préférés des enfants ne les rendront pas heureux et ne les feront pas changer d’idées..
Normalement, les enfants dépassent la néophobie alimentaire au moment où ils sont adolescents, mais cela reste chez certaines personnes jusqu’à l’âge adulte.
Pistes de solutions
Option 1
La recherche a montré qu’une façon de vaincre cette peur est d’être constamment exposé à de nouveaux aliments et à de nouveaux goûts. Après avoir goûté quelque chose entre quatre et huit fois, on apprend à l’apprécier beaucoup plus. Ce qui se passe à la suite de cette exposition répétée à quelque chose qui n’avait pas encore été essayé est, selon toute vraisemblance, que la peur de la nouveauté est réduite et pourrait ensuite disparaître complètement.
Option 2
Une autre façon de briser les barrières qui nous empêchent d’essayer quelque chose de nouveau est de l’introduire progressivement avec un aliment déjà familier, un aliment dit de passerelle. Ce que j’ai appris aussi avec les années, c’est que parfois il suffit de changer la recette pour faire apprécier l’aliment. Parfois ce n’est pas l’aliment qui pose problème mais plus la présentation ou encore la texture.
Option 3
La dernière option est l’acquisition active de connaissances dans un cadre différent et en compagnie d’autres personnes où l’on se sent stimulé à faire preuve de curiosité, à participer et à s’approprier ses propres goûts. C’est d’ailleurs dans cette option que je mets mon art en action et je peux vous garantir que c’est merveilleux de voir au fil des années les barrières de la crainte du nouveau tomber rapidement.
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